Loi française 2026: menace sur les centres d’appels marocains
Loi française 2026: menace sur les centres d’appels marocains
La nouvelle loi française interdisant les appels marketing non sollicités menace les centres d’appels marocains.
Rabat – 29 octobre 2025
Une nouvelle loi française interdisant les appels téléphoniques commerciaux non sollicités suscite de vives inquiétudes au sein du secteur marocain des centres d’appels, dont près de 80 % des activités dépendent du marché français.
Le ministère français de l’Économie a annoncé qu’à partir du 11 août 2026, tous les appels de prospection non autorisés seront interdits, quel que soit le secteur d’activité. À compter de cette date, les entreprises ne pourront contacter un consommateur que s’il a donné son consentement explicite ou si l’appel concerne un contrat en cours.
Cette réforme marque un changement profond: la France passe d’un système dit « opt-out » (où les consommateurs doivent s’inscrire sur une liste pour ne plus être contactés) à un système « opt-in », dans lequel les entreprises ne peuvent appeler que les personnes ayant donné leur accord préalable. Les contrevenants s’exposent à des amendes pouvant atteindre 500 000 euros et à des peines d’emprisonnement allant jusqu’à cinq ans, notamment dans les cas de démarchage abusif visant des publics vulnérables.
Un coup dur pour l’offshoring marocain
Cette décision menace directement le secteur de l’offshoring et des centres d’appels marocains, pilier majeur de l’emploi privé au Maroc. Avec plusieurs dizaines de milliers d’agents travaillant principalement pour des clients francophones, l’interdiction des appels marketing sans consentement risque d’entraîner une baisse significative des volumes d’activité et des revenus.
Interrogé par SNRT News, Ayoub Saud, secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs et professionnels de l’offshoring, tire la sonnette d’alarme:
« Cette loi française est une menace directe pour des centaines d’emplois au Maroc. Combinée à la montée de l’intelligence artificielle, elle commence déjà à impacter les effectifs. De grandes entreprises ont amorcé des licenciements. »
Il souligne que la crise ne se limitera pas aux téléopérateurs:
« Les emplois indirects sont également menacés — comptables, agents de sécurité, personnel de nettoyage… tout un écosystème dépend de ce secteur. »
Le syndicaliste appelle les autorités marocaines à agir rapidement, en recensant les entreprises concernées et les emplois menacés, tout en accompagnant la transition vers de nouveaux modèles économiques.
Un vide juridique préoccupant
Contrairement à la France, le Maroc ne dispose pas de cadre légal détaillé encadrant la prospection téléphonique ou le consentement préalable des consommateurs. La législation marocaine se limite à des principes généraux de protection du consommateur, ce qui rend les centres d’appels fortement dépendants de leurs contrats avec les donneurs d’ordre français.
Les professionnels du secteur plaident pour une mise à jour du cadre réglementaire national et un soutien public afin de faciliter l’adaptation des opérateurs marocains aux nouvelles exigences internationales.
Les entreprises marocaines commencent à se réorganiser
Certaines sociétés ont déjà amorcé une réorientation de leurs activités.
Mohamed El Bekali, responsable des opérations dans un centre d’appels à Casablanca, explique:
« Cette loi va nous obliger à restructurer entièrement nos activités. Elle ne touche pas seulement les équipes de vente, mais aussi les départements RH, comptabilité, logistique et support. »
Pour anticiper la transition, son entreprise développe de nouvelles offres axées sur le service client, l’assistance technique et le support digital, tout en investissant dans la formation des équipes et la modernisation des outils technologiques, notamment les systèmes de gestion de la relation client (CRM).
« Ce virage n’est pas simple. Il nécessite des investissements importants en compétences et en technologie. Il faudra du temps avant de pouvoir compenser les pertes d’emplois », ajoute-t-il.
Un appel à une réponse coordonnée du Maroc
À l’approche de l’entrée en vigueur de la loi en août 2026, les professionnels du secteur exhortent le gouvernement marocain à élaborer une stratégie nationale de soutien. Sans accompagnement institutionnel, la réforme française risque de provoquer une forte contraction du marché marocain des centres d’appels, l’un des principaux pourvoyeurs d’emplois pour les jeunes diplômés.
En résumé:
- La France interdira les appels marketing non sollicités à partir du 11 août 2026.
- Les entreprises risquent jusqu’à 500 000 € d’amende et 5 ans de prison.
- 80 % des activités des centres d’appels marocains dépendent du marché français.
- Le secteur craint des pertes massives d’emplois sans cadre légal adapté au Maroc.
- Les entreprises marocaines explorent déjà de nouvelles activités: support client, assistance digitale, CRM.


